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Appel en cours : Études Ricœuriennes / Ricœur Studies (ERRS). ERRS Volume 14, N°2 (2023) : «Ricœur et l’éducation »

Ricœur et l’éducation

Études Ricœuriennes / Ricœur Studies (ERRS). ERRS Volume 14, N°2 (2023) : « Ricœur et l’éducation  »

Editrice invitée : Eileen Brennan - DCU Institute of Education, Dublin City University

Jean-Luc Amalric et Ernst Wolff, co-éditeurs des Études Ricoeuriennes/Ricoeur Studies http://ricoeur.pitt.edu

 

Etudes Ricoeuriennes/Ricoeur Studies Journalhttp://ricoeur.pitt.edu

Date limite de transmission des textes : 15 septembre 2023

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Paul Ricœur a commencé sa carrière comme enseignant dans un lycée et il a développé à cette occasion une manière particulière de faire de la philosophie à laquelle il continuera encore d’adhérer en tant que professeur d'université. Comme il l'explique dans La critique et la conviction, confronté au défi de gérer une lourde charge d'enseignement tout en rédigeant son mémoire de maîtrise, il a cherché un cadre pour ses réflexions personnelles qui soit compatible avec le contenu de son enseignement. Depuis cette époque, remarque-t-il, "mon travail en philosophie a toujours été lié à l'enseignement" (1995, 21). "Tout mon travail, précise-t-il, a été mis à l'épreuve de mon enseignement" (1998, 44). Ces déclarations importantes nous rappellent les multiples références à la pédagogie qui parsèment son œuvre. Cependant, leur importance est rarement discutée. C’est un fait que la plupart des travaux de Ricœur dans le domaine de l'éducation restent peu étudiés.

Ricœur a obtenu son premier poste d'enseignant en 1933 et son premier poste de maître de conférences en 1948. En 1947, il est élu président de la Fédération protestante de l'enseignement, nouvellement créée, dont l'objectif est d’imaginer à nouveaux frais l'idée de laïcité (Dosse, 2001, 183-189). Le problème de la laïcité tel qu’il se présentait à l'époque était lié au fait que seule une partie des parents et des enseignants catholiques y était favorable. Le mandat de Ricœur à la présidence de la FPE s'étend de 1947 à 1960, période pendant laquelle il œuvre pour la "paix scolaire" et tente d'ouvrir un dialogue entre les partisans et les adversaires de la laïcité. Pour ce faire, il rédige des articles pour les revues Foi Éducation (revue trimestrielle de la FPE) et Esprit. Ces textes, replacés dans leur contexte, sont susceptibles d’ouvrir un champ de recherche fécond.

Ricœur est probablement plus connu pour le rôle qu'il a joué dans la réforme de l'enseignement supérieur. De 1956 à 1965, il a enseigné la philosophie à la Sorbonne dans des amphithéâtres bondés. Comme il le rappelle, "les étudiants étaient assis sur les rebords des fenêtres pour assister à mes cours sur Husserl, Freud, Nietzsche, Spinoza..." (1998, 48). Bien qu'il soit satisfait d'un tel niveau d'engagement des étudiants, Ricœur se plaint du fait que les amphithéâtres surpeuplés l'empêchent de connaître les étudiants et d'établir de bonnes relations avec eux. Il reproche à l'université de négliger totalement la tâche de " créer une communauté d'étudiants et de maîtres " (1998, 28). En 1965, il consacre un numéro d'Esprit au thème de l'université dans lequel il dresse un bilan de ses insuffisances et formule un certain nombre de propositions dont plusieurs, note-t-il, "sont reparues en 1968-69". Ces propositions ont par la suite été reprises et intégrées à la fin de Lectures 1. Ce volet de la réflexion de Ricœur sur l'éducation a fait l'objet d'une attention particulière de la part des chercheurs, surtout ces temps derniers, et, dans ce champ de recherche important, on peut mentionner au moins une autre chercheuse dont les travaux seront bientôt publiés. Je pense en particulier à l’ouvrage de Daniel Boscaljon et Jeffrey F. Keuss, Paul Ricœur and the Hope of Higher Education et au projet de livre d'Alison Scott-Baumann qui s’appuie sur l’œuvre de Ricœur pour aborder les questions qui se posent actuellement dans l'enseignement supérieur.

Ricœur a écrit sur les enseignants, les personnes en situations d’apprentissage, les pédagogies expérimentales, la réforme de l'éducation et même sur les vertus d’un apprentissage par cœur de la poésie ; il l’a fait dans divers types de publications, que ce soit notamment dans des éditoriaux, des articles de journaux, des critiques de livres ou encore dans des écrits autobiographiques. On trouve également des références aux thèmes de l'éducation dans certaines de ses œuvres majeures, en particulier dans Histoire et vérité et dans La métaphore vive. L'Esprit de l'éducation est un autre ouvrage majeur qui donne un aperçu de la pensée ricœurienne de l'éducation. Rédigé par l'une de ses anciennes doctorantes, Marguerite Léna, cet ouvrage se propose d’exposer non seulement les réflexions de Léna sur l'éducation, mais aussi celles de Ricœur. Léna attire l'attention sur les commentaires que Ricœur consacre au rôle de l’émotion dans l’apprentissage dans La symbolique du mal, en s’efforçant de clarifier et d’approfondir leur signification. Il y a donc de nombreuses ressources à exploiter dans le cadre d'une recherche concernant le travail de réflexion de Ricœur dans le domaine de l'éducation. Dans cette même perspective, on peut enfin mentionner l’ouvrage de H. Hoveid & M. H. Hoveid, Making Education Educational, A Reflexive Approach to Teaching.

Compte tenu de ces considérations, nous invitons les contributeurs :

(1) à examiner les liens entre le travail philosophique de Ricœur et ses commentaires sur la pédagogie et à considérer, par exemple, la contribution de la conception ricœurienne de la liberté (en ce qui concerne en particulier la relation entre autonomie et vulnérabilité) à la théorie et à la pratique de l'éducation ;
(2) à explorer l'approche de Ricœur en vue de l’établissement d’une paix scolaire et d’un dialogue dans le conflit relatif à l'éthique de l'école publique en France et à interroger la pertinence de cette approche pour le développement de sa pensée, en ce qui concerne notamment la qualité du débat public et l'"éthique de l'argumentation" ;
(3) à examiner de manière critique l'évaluation de l'université faite par Ricœur ainsi que ses propositions de changement, tout en les reliant, le cas échéant, à la situation contemporaine ;
(4) à proposer un compte-rendu scientifique d'une contribution de Ricœur à la philosophie de l'éducation : qu’il s’agisse par exemple (i) de la contribution de sa phénoménologie de la volonté à la réflexion sur l’autonomie et la capacité d’agir en matière d'éducation; (ii) de la contribution de ses réflexions sur la justice à une éducation à la justice sociale; (iii) de la contribution de sa conception de la relation entre histoire et mémoire à une éducation éthique (en liaison avec la question du "travail de mémoire") ;
(5) à ouvrir une discussion en matière de politique ou de pratique éducatives, en s'appuyant sur le travail de Ricœur, et en puisant éventuellement dans les ressources de son herméneutique critique.

Ouvrages cités :
Paul Ricœur, La critique et conviction, Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay (Paris, Calmann-Levy, 1995).
François Dosse, Les sens d'une vie (Paris, Éditions La Découverte, 2001).

Date limite de transmission des textes : 15 septembre 2023
Nombre de caractères max. (espaces compris, notes incluses) : 50 000 caractères. Les contributions doivent être rédigées en français ou en anglais
Format : Pour les questions de style, le journal suit le Chicago Manual of Style. Voir sur le site de la Revue, la rubrique « Directives aux auteurs » : 
http://ricoeur.pitt.edu/ojs/index.php/ricoeur/about/submissions#onlineSubmissions.
Les articles qui ne respecteront pas ces contraintes éditoriales ne seront pas examinés.
Instructions aux auteurs : Pour soumettre un article, les auteurs doivent s'inscrire sur le site du Journal : 
http://ricoeur.pitt.edu/ojs/index.php/ricoeur/user/register. Les auteurs doivent suivre un parcours rapide (en cinq étapes) pour télécharger leur article sur le site. Dès réception, les auteurs reçoivent un e-mail de confirmation. Tous les articles sont soumis à une procédure d'évaluation dite à l'aveugle par des pairs.
 

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CALL FOR PAPERS / APPEL A PROPOSITIONS
Études Ricœuriennes / Ricœur Studies (ERRS)

ERRS Volume 14, N°2 (2023): « RICŒUR and EDUCATION »

Paul Ricœur began his career as a teacher at a secondary school where he developed a particular way of doing philosophy, which he would adhere to even later as a university professor. As he explains in Critique and Conviction, faced with the challenge of managing a heavy teaching load whilst writing his master’s thesis, he looked for a framework for his personal reflections that was compatible with the content of his teaching. As he remarks, from that point onwards, “my work in philosophy has always been tied to teaching” (1998, 9). He also comments, that “all my work has been put to the test of my teaching” (1998, 25). These important statements remind us of the multiple references to pedagogy that are scattered across his works. However, their significance is rarely discussed. Indeed, most of Ricœur’s work in the field of education is under researched.

Ricœur got his first teaching position in 1933, his first lecturing post in 1948. In 1947, he was elected President of the newly established Fédération protestante de l’enseignement (Protestant Federation of Education), whose objective was to reimagine the idea of secularism (laïcité) (Dosse, 2001, 183-189). The problem with secularism as it was understood at the time was that it commanded the support of only a section of Catholic parents and teachers. Ricœur’s tenure as President of the FPE lasted from 1947-1960, during which time he worked for “school peace” (la paix scolaire), and tried to open up a dialogue between those in favour of secularism and those against it. To that end, he wrote articles for the journals, Foi Éducation — the FPE’s quarterly review — and Esprit. Appropriately contextualized, those texts can open up a fertile area of research.

Ricœur is probably more widely known for the role he played in third level education reform. From 1956 to 1965 he taught philosophy to packed amphitheaters at the Sorbonne. As he recalls, “the students were sitting on the windowsills to hear my courses on Husserl, Freud, Nietzsche, Spinoza…” (1998, 28). Satisfying though it was to have such a high level of student engagement, Ricœur complained that overcrowded amphitheaters made it impossible for him to get to know the students and to establish good relationships with them. He blamed the university for entirely neglecting the task of “creating a community of students and teachers” (1998, 28). In 1965, he devoted an issue of Esprit to the theme of the university where he offered his assessment of its shortcomings and made a number of proposals, which, he notes, “resurfaced in 1968-9.” He subsequently included those proposals at the end of a collection entitled, Lectures 1. This is one area of Ricœur’s work on education that has received scholarly attention, especially in recent times, with a least one other researcher soon to publish their work in this important area. I am thinking of Daniel Boscaljon and Jeffrey F. Keuss’s Paul Ricœur and the Hope of Higher Education and Alison Scott-Baumann’s book project on contemporary issues in higher education, which draws on the work of Ricœur.

Ricœur wrote about teachers; learners; experimental pedagogies; education reform; and even the value of learning poetry by heart, and he did so in various types of publication, including editorials, journal articles, book reviews, and autobiographical writings. There are also references to education themes in some of his major works, especially History and Truth and The Rule of Metaphor. Another major work to offer an insight into his thinking on education is L’Esprit de l’Éducation. Written by one of his former doctoral students, Marguerite Léna, the work is said to give expression not only to Léna’s views on education but also to those of Ricœur. Léna draws attention to comments that Ricœur makes in the Symbolism of Evil on the role that emotion plays in learning, clarifying their meaning and developing them further. There are, then, lots of resources on which to draw in any inquiry into Ricœur’s work in the field of education. Within this perspective, we can also mention the book by H. Hoveid & M. H. Hoveid, Making Education Educational, A Reflexive Approach to Teaching.

With those considerations in mind, we invite contributions that:

(1)     examine the links between Ricœur’s work in philosophy and his comments on pedagogy and consider, for example, the contribution of Ricœur's conception of freedom (particularly the relationship between autonomy and vulnerability) to education theory and practice;
(2)     explore Ricœur’s approach to peace building and dialogue in the dispute over the ethos of state-run schools in France and consider any relevance the approach taken may have for the development of his thought, especially regarding the quality of public debate and the “ethics of argumentation”;
(3)     critically examine Ricœur’s assessment of the university and his proposals for change, linking them where appropriate to the contemporary situation;
(4)     offer a scholarly account of some contribution that Ricœur makes to the philosophy of education, examples include but are not limited to (i) the contribution of Ricœur’s phenomenology of the will to thinking about autonomy and agency in education ; (ii) the contribution of Ricœur’s reflections on justice to social justice education ; (iii) the contribution of Ricœur’s reflections on the relationship between history and memory to ethical education (linked to the theme of “memory work”);
(5)     discuss an area of education policy or practice whilst drawing on Ricœur’s work, and perhaps using the resources of his critical hermeneutics.

Books referenced:
Paul Ricœur, Critique and Conviction, trans. Kathleen Blamey, (Cambridge: Polity Press, 1998)
François Dosse, Les sens d’une vie (1913-2005) (Paris: Éditions La Découverte, 2001)

Closing date for the submission of texts: 15th of september 2023 
Maximum number of characters (including spaces and notes): 50,000. Articles can be written either in English or in French.
Format and style: The journal follows the Chicago Manual of Style. See the rubric ‘Author Guidelines’ on the journal’s website: 
http://ricoeur.pitt.edu/ojs/index.php/ricoeur/about/submissions#onlineSubmissions
The editors cannot consider articles that do not follow these guidelines.
Instructions to authors: In order to submit an article, authors need to register on the journal website:
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Guest Editor: Eileen Brennan
DCU Institute of Education, Dublin City University

Jean-Luc Amalric and Ernst Wolff, co-editors of Études Ricoeuriennes/Ricoeur Studies
http://ricoeur.pitt.edu

 

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